OSEZ ÊTRE DIFFÉRENT !

(Onzième chapitre)

Changez le monde !

 

En 1913, un jeune homme d’une vingtaine d’années entreprit une randonnée pédestre à travers la Provence[1]. S’étant muni d’un sac à dos et d’un sac de couchage, il avait décidé d’emprunter les petites routes et les sentiers, de dormir à la belle étoile, de camper à la ferme ou dans les villages chez l’habitant.

À l'époque, la Provence n’était qu’une terre aride et désolée. Le résultat d'une exploitation agricole intensive et d’une déforestation excessive. Le sol avait été raviné par les pluies du fait qu'il n'y avait plus assez d'arbres pour retenir la terre.

L’activité agricole était réduite au minimum à cause de l’aridité du sol. Les villages étaient vétustes, les maisons délabrées, et la plupart des villageois avaient fui la contrée. En l'absence de sous-bois protecteurs, la faune et la flore avaient également disparu, faute de pouvoir y trouver l’eau et la nourriture nécessaires.

         Un soir, notre jeune randonneur s’arrêta dans l'humble demeure d'un berger. Celui-ci accusait une bonne cinquantaine d'années et avait encore l'air bien solide, malgré son âge et ses cheveux gris. Le jeune homme profita, cette nuit-là, de l'hospitalité du berger et finit par y passer les jours qui suivirent.

         Le visiteur observa, non sans curiosité, que le berger consacrait ses soirées à trier des graines à la lueur d'une lampe: il y avait là des glands, des noisettes, des châtaignes et bien d’autres graines. Il les examinait minutieusement, pour se débarrasser de celles qu’il jugeait mauvaises. Lorsqu'il en avait terminé, il mettait les bonnes graines de côté, dans un petit sac à dos.

         Le lendemain, il emmenait ses brebis aux pâturages et plantait les graines le long du chemin. Pendant que ses brebis broutaient, il prenait sa canne, faisait quelques pas, puis enfonçait l'extrémité de son bâton dans le sol pour y faire un petit trou. Ensuite, dans ce trou, il laissait tomber une graine, qu’il recouvrait de terre à l'aide de son pied. Puis à quelques pas de là, il recommençait l'opération. C’est ainsi qu’il passait le plus clair de son temps à arpenter la Provence tout en menant ses brebis en pâturage. Chaque jour, il plantait ses graines dans un nouvel endroit, là où les arbres étaient devenus rares.

         Tout en l'observant, notre jeune homme, qui se demandait ce que pouvait bien faire le berger, finit par lui poser la question.

— Vous le voyez bien, mon jeune ami, je plante des arbres! expliqua le berger.

— Pourquoi vous donner cette peine? répliqua le jeune homme. Ces arbres ne vous seront d'aucune utilité avant des années !  Vous ne vivrez peut-être même pas assez longtemps pour les voir pousser !

— C'est bien possible! Mais un jour ils seront très utiles à quelqu'un, et ils contribueront à redonner vie à ce pays. Moi, je ne verrai sans doute pas ce jour, mais mes enfants le verront ! répondit le berger.

         Le jeune homme ne put s’empêcher de s’émerveiller de l'esprit de sacrifice, de la générosité et de la prévoyance de ce berger qui préparait la terre pour les générations futures, sachant pourtant qu'il avait lui-même peu de chances de voir ou de profiter un jour du fruit de son labeur.

         Vingt ans plus tard, notre randonneur, qui avait maintenant dépassé la quarantaine, revint visiter cette même région et fut stupéfait du spectacle qui s’offrait à ses yeux. La vallée était entièrement recouverte d'une magnifique forêt naturelle, constituée de toutes sortes d'essences. Certes, les arbres étaient encore jeunes, mais c'était des arbres ! La vie avait jailli dans toute la vallée ! L'herbe et les bosquets avaient repoussé, la faune était réapparue, le sol avait retrouvé son humidité, et les fermiers s'étaient remis à cultiver la terre.

Il se demanda ce qu’il était advenu du vieux berger. Il fut surpris d'apprendre qu'il était toujours en vie, toujours frais et gaillard, et qu'il habitait toujours sa petite cabane où il continuait de passer ses soirées à trier ses graines.

Notre visiteur se laissa dire qu'une délégation de la Chambre des députés était récemment descendue de Paris pour examiner cette jeune forêt vigoureuse, qui semblait être sortie de terre de façon naturelle. Ils devaient apprendre qu’en fait, elle avait été plantée au fil des ans par un berger qui avait semé des graines, jour après jour, en gardant ses moutons. Et c'est ainsi que la vallée s'était recouverte de magnifiques arbustes et de sous-bois. Les membres de la délégation furent tellement impressionnés que, pour remercier le berger d’avoir, à lui seul, reboisé toute cette région, ils persuadèrent la Chambre de lui allouer une pension à titre exceptionnel.

         Notre visiteur était subjugué par les changements qu'il constatait : non seulement les arbres avaient poussé, mais l'activité agricole avait repris, la faune et la flore étaient réapparues et les prairies étaient redevenues verdoyantes. Les petites fermes prospéraient et les villages revivaient. Quel contraste étonnant avec les villages abandonnés et la désolation qui régnait partout quelque vingt ans plus tôt !

         À présent, tout prospérait ! Et ce, grâce à la prévoyance, à la grandeur d'âme, à la générosité, à la persévérance et à l’opiniâtreté d'un seul homme qui avait fait ce qui était en son pouvoir, jour après jour, inlassablement, pendant des années.

Mais notre histoire ne s’arrête pas là. Vous vous souvenez que le jeune homme avait dit au berger : «Vous ne vivrez pas assez longtemps pour les voir pousser ! » Eh bien, il se trouve que le berger vécut jusqu’à 89 ans. Il eut le temps de voir sa magnifique forêt arriver à maturité et transformer toute la région. Dieu lui permit de vivre assez longtemps pour voir le fruit de son dur labeur, pour voir qu’il avait réussi à changer le monde autour de lui. Il vécut assez longtemps pour voir ce que Dieu avait accompli à travers lui.

Cela me rappelle ce que disait l’Apôtre Paul dans le Nouveau Testament : « Faisons le bien sans nous laisser gagner par le découragement. Car si nous ne relâchons pas nos efforts, nous récolterons au bon moment. »[2]

 

Alors, s’il vous arrive d’être découragé par l’état où se trouve le monde, surtout, ne baissez pas les bras ! On nous enseigne que ce sont les empires, les gouvernements, les guerres et les armées qui changent le cours de l'Histoire et la face de la terre. Il est donc bien naturel d’être démoralisé et de se dire : « Après tout, qui suis-je ? Que puis-je y faire ? C'est sans espoir, c'est au-dessus de mes forces ! Il semble qu’il n'y ait rien qu’un individu  puisse faire pour changer le monde. Alors, à quoi bon essayer ? »

         Pourtant, comme cet humble berger l'a prouvé : un seul homme peut, au fil des ans, changer le monde ! Vous n'arriverez peut-être pas à changer le monde entier, mais vous pouvez changer votre partie du monde. Si vous avez changé ne serait-ce qu’une vie, vous avez changé une partie du monde, et vous avez prouvé qu’il est possible de le changer dans sa totalité ! Si on peut changer une vie, il est certainement possible d’en changer d’autres. Il suffit de commencer par quelqu’un. Et ce pourrait être vous !

Depuis que ma femme et moi sommes arrivés ici il y a quelques années, de nombreuses vies ont été changées. La tâche a parfois été laborieuse, les progrès extrêmement lents, et les résultats minimes en comparaison des efforts que nous avons déployés, mais des vies sont en train de changer grâce aux nombreuses semences que nous avons plantées. Au début, il n’y avait que nous deux, mais maintenant nous sommes des centaines ; nous avons gagné au Christ des centaines d’autres, et, à leur tour, ils en parlent autour d’eux et plantent des semences qui un jour produiront de nouveaux « arbres » ! Tout le monde parle de nous et de ce que nous faisons, de notre travail, de notre foi et de nos convictions. Nous contribuons à changer notre partie du monde !

         Au départ, cela paraissait tout à fait impossible, mais nous nous sommes mis à planter les semences de la Parole de Dieu et de l’amour du Christ dans le cœur de ceux qui nous entouraient. Nous n’avons pas essayé de les faire tous changer d’un seul coup! Ç’aurait été impossible. Nous avons travaillé lentement, patiemment, un cœur à la fois, une vie à la fois, en apportant à chacun d’eux un soin minutieux, jour après jour, au fil des ans.

         Et maintenant tout le monde commence à voir les résultats, tout le monde en parle et commence à changer ! Un éminent médecin, qui, au départ, s’était montré sceptique par rapport à nos efforts pour influer sur les gens spirituellement, a fini par admettre que nous avions un formidable impact sur la ville. Il a reconnu :

— On avait besoin de quelqu’un comme vous ici, depuis longtemps. Nous sommes riches et nous avons tout ce qu’il faut pour être heureux. Mais il nous manquait cette dimension  spirituelle que vous nous avez apportée. On avait vraiment besoin de ça !

         Nous avons eu un effet sur cette ville ! Tout le monde n’a pas reçu Jésus, mais ils ont pratiquement tous entendu le message de l’amour de Dieu. Beaucoup de gens nous ont rendu visite et ont fait l’expérience de l’amour de Dieu : ils ont ressenti la vérité de Sa Parole que nous avons partagée avec eux, petit à petit, un jour à la fois, une personne à la fois, une graine à la fois. À présent, une toute nouvelle forêt commence à sortir de terre et à attirer l’attention, de sorte que les gens en parlent et s’étonnent !

Vous aussi, vous pouvez le faire ! Pourquoi ne pas commencer par votre propre cœur, votre mentalité, votre esprit et votre vie en recevant Jésus ? Lisez Sa parole et mettez en pratique Son enseignement !  Changez votre vie, votre foyer, votre famille, et vous aurez changé tout un univers — votre monde !

         Ensuite, avec votre petite famille, essayez de changer vos voisins, vos amis, vos proches, tous ceux que vous rencontrez ou côtoyez au fil des jours. Faites un effort spécial en direction de ceux qui sont seuls et en mal de réconfort, ceux qui sont en quête d’amour et de vérité, et qui recherchent le bonheur, parfois sans même le savoir ; ceux qui cherchent désespérément à combler le sentiment de vide et de désolation qui afflige leur cœur assoiffé de la Parole de Dieu et de la chaleur de Son amour.

         Oui, vous pouvez commencer tout seul, vous et votre petite famille, en plantant des graines jour après jour, un cœur à la fois, par des petits actes d'amour et en parlant de Jésus autour de vous. Vous pouvez également donner ou recommander des écrits ou des ouvrages chrétiens aux gens que vous rencontrez pour les aider à comprendre la Parole de Dieu. Déposez patiemment les semences de la vérité divine au creux des cœurs vides, et recouvrez-les avec la tendresse de l'amour de Dieu. Puis faites confiance à la douce chaleur de Son Esprit et à l'eau de Sa parole pour produire le miracle d'une nouvelle vie !

         Au début, ce ne sera peut-être qu'un tout petit bourgeon ou une petite pousse, une petite brindille insignifiante, alors qu'il nous faudrait une forêt, mais il faut un début à tout ! C'est le début miraculeux d’une nouvelle vie qui va pousser, grandir et s’épanouir pour devenir un grand « arbre » majestueux, une nouvelle vie, et pourquoi pas un nouveau monde !

 

Il suffit parfois de peu de chose pour changer la vie de quelqu’un. Je me souviens de notre visite à l’Exposition internationale de Montréal, c’était en 1967. J’y avais emmené ma mère pour faire le tour du pavillon soviétique. À 80 ans, c’était une chrétienne qui n’avait rien perdu de son enthousiasme. Dès que nous sommes entrés,  le directeur du pavillon, un grand jeune homme russe séduisant et à l’apparence soignée, s’approcha de ma mère pour lui proposer une chaise roulante, et il offrit de lui servir de guide.

         Durant les deux heures qui suivirent, ils se témoignèrent beaucoup d’intérêt et furent absorbés dans une conversation profonde tandis qu’il lui expliquait toutes les nouvelles inventions qui étaient exposées — je découvris par la suite qu’ils ne s’étaient pas contentés de parler de gadgets mécaniques. À la fin de notre visite, il nous dit au revoir avec beaucoup de sympathie : « Revenez, je vous en prie ! ». Il s’était montré très accueillant et semblait s’être lié d’amitié avec ma mère le temps de leur conversation.

         Quelques semaines plus tard, nous reçûmes de lui une lettre qui disait : « Vous avez changé ma vie ! J’ai suivi votre conseil et j’ai reçu le Christ. Vous avez changé toute ma façon de penser et de croire, vous m’avez changé. Mais je suis marié et nous avons trois enfants, et je vis dans un pays communiste où il est interdit de pratiquer le christianisme. Alors, que dois-je faire ? »

         Ma mère lui répondit et lui donna, en substance, le conseil suivant : « Changez le monde ! Changez le monde dans lequel vous vivez ! Commencez dès maintenant ! Racontez aux autres ce que Dieu a fait pour vous ; dites-leur ce que Son amour et Sa vérité ont fait pour vous personnellement, et vous pourrez commencer à changer une petite partie de votre monde — même s’il est communiste ! »

         Si vous plantez fidèlement les graines de la Parole de Dieu, un de ces jours, le moment venu, Dieu vous récompensera, tout comme le vieux berger fut récompensé par le gouvernement !  Il vous dira: « Très bien! Tu es un bon serviteur en qui l'on peut avoir confiance! Tu t'es montré fidèle en peu de choses, c'est pourquoi Je t'en confierai de plus importantes. Viens partager la joie de ton Maître! » (Matthieu 25:21).

Oui, vous pouvez changer le monde ! Commencez dès aujourd'hui : changez votre vie, changez votre famille, changez votre foyer, changez vos voisins, votre ville, votre pays ! Changez le monde !

 

 

 (Extrait des écrits de David Brandt Berg. Traduit de l’anglais)

 

 

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[1] Cette anecdote a été rendue célèbre par Jean Giono sous le titre de “L’homme qui plantait des arbres”.

[2] Galates 6:9